En attente d’une ouverture météorologique, Sails of Change a décidé de reporter son stand-by jusqu’à la fin du mois de janvier : une quinzaine de jours supplémentaires bienvenus en raison d’une situation sur l’Atlantique peu favorable.
Il n’y avait définitivement pas d’ouvertures cet automne pour tenter de battre le record autour du monde à la voile établi en 2017 en 40 jours 23 heures et 30 minutes. Mais il peut encore y en avoir cet hiver ! D’ailleurs Yann Guichard à l’étude des précédentes tentatives et records sur le Trophée Jules Verne, a pu le constater : la date du 15 janvier initialement retenue pouvait aisément être décalée ƒ… Parmi ceux qui ont amélioré le temps originel de Bruno Peyron (79 jours 06 heures et 16 minutes) parti aussi début février en 1993, Peter Blake et Robin Knox-Johnston avaient démarré le chrono un 16 janvier en 1994 (74 jours 22 heures et 17 minutes), Olivier de Kersauson un 6 mars en 1997 (71 jours 14 heures et 22 minutes), Bruno Peyron un 14 février en 2002 (64 jours 08 heures et 37 minutes) puis un 25 janvier en 2005 (50 jours 16 heures et 20 minutes), Franck Cammas un 31 janvier en 2010 (48 jours 07 heures et 45 minutes) …
Ainsi sur huit améliorations du Trophée Jules Verne en 27 années, cinq ont démarré après le réveillon, voire même à l’orée de Pâques ! De quoi patienter encore quelques jours puisque l’Atlantique Nord n’est pas franchement coopératif ces derniers temps. Et si Sails of Change a bien failli s’élancer par deux fois avant le solstice d’hiver, la configuration s’est avérée finalement peu favorable pour établir un temps suffisamment court au passage du cap de Bonne-Espérance. Car c’est désormais la pointe Sud de l’Afrique qui est dans le collimateur : il ne suffit plus de franchir l’équateur en moins de cinq jours (ce que le trimaran géant a déjà fait plusieurs fois). Il faut au minimum avoir un temps à l’entrée de l’océan Indien qui approche, voire améliore, celui de tenant du titre !
« À l’origine, nous avions prévu un stand-by jusqu’au 15 janvier, mais la situation météo n’a pas vraiment été favorable ces dernières semaines … Nous avons donc décidé de le repousser jusqu’à fin janvier, ce qui n’a rien d’exceptionnel puisque certaines tentatives et certains records sur le Trophée Jules Verne ont démarré après le réveillon, voire même après janvier ! Nous savions qu’il y a des années avec et des années sans : c’est difficile de dire si les modifications climatiques que nous constatons ont une influence, mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a pas d’alizés établis parce que l’anticyclone des Açores n’est pas à sa place habituelle. Les dépressions se succèdent, parfois même à la latitude des Canaries … » précise Yann Guichard.
Patience et longueur de temps …
« Font plus que force ni que rage », dit le proverbe de La Fontaine dans la fable du lion et du rat. Or, l’anticyclone des Açores n’est pas très coopératif ces derniers temps avec même des calmes prolongés au large de l’archipel du Cap-Vert et parfois une dépression à la latitude des Canaries ! Dans ces conditions, les alizés tant recherchés pour une descente rapide vers l’équateur sont aux abonnés absents … Et que dire de son homologue de Sainte-Hélène dans l’Atlantique Sud ? Lui aussi joue les filles de l’air : il a déserté l’île qui fut fatale à Napoléon pour flâner entre l’Argentine et l’île Gough, parfois même en se scindant en plusieurs cellules qui virevoltent de l’archipel des Malouines à Crozet.
« La fiabilité des prévisions météorologiques est désormais très bonne jusqu’à dix jours. S’il n’y a pas une configuration favorable dans l’Atlantique Sud, cela ne sert pas à grand-chose de partir et mettre deux semaines pour rallier l’Afrique du Sud ! Il ne faut pas oublier notre objectif : être au moins dans les temps du précédent record et notamment au passage de Bonne-Espérance. Il faut aussi qu’au large du Brésil, on puisse imaginer une traversée des mers du Sud sur le dos d’une dépression, au moins jusqu’à la moitié de l’océan Indien … » complète le skipper de Sails of Change.
Bref, pas de précipitation à avoir pour une quatrième tentative de Dona Bertarelli, Yann Guichard et leur équipage autour du monde : même si cette situation climatique n’est pas surprenante et même si l’adjonction d’une interrogation sanitaire avive quelque peu les esprits, il faut savoir raison garder. Le temps de référence du Trophée Jules Verne est particulièrement difficile à réduire : pour espérer l’améliorer, il faut passer la longitude du cap de Bonne-Espérance en une douzaine de jours. En effet, le temps établi sur ce tronçon début 2021, est de 11 jours 9 heures et 53 minutes. Or, c’est sur ce premier tronçon que le Trophée Jules Verne peut changer de main ! Espérer grappiller des heures dans les mers du Sud, voire même lors de la remontée de l’Atlantique est une chose ; le réaliser en est une autre …
Équipage 2021 du maxi-trimaran Sails of Change :
Yann Guichard – Skipper
Dona Bertarelli – Reporter embarquée
Benjamin Schwartz – Navigateur
Jacques Guichard – Chef de quart
Xavier Revil – Chef de quart
Duncan Späth – Barreur / Régleur
Grégory Gendron – Barreur / Régleur
Julien Villion – Barreur / Régleur
Thierry Chabagny – Barreur / Régleur
Jackson Bouttell – Numéro 1
Yann Jauvin – Numéro 1
Remplaçants : François Morvan, Yann Éliès
Jean-Yves Bernot : Routeur à terre